by Anne-Sophie
Journal d'un corps
Je n’ai lu de Pennac que le « Comme un roman » qui me laisse un souvenir contrasté, quant aux Malaussène, je n’ai jamais réussi à me laisser embarquer par la saga.
« Journal d’un corps » est une rencontre pour moi tant avec l’auteur que le personnage. Voilà un livre écrit dans un langue subtile et pourtant sans concession.
Le héros de cette fresque se raconte de sa plus tendre enfance jusqu’à ses 87 ans. Surviennent ça et là les êtres marquants de sa vie. De la figure révérée du père, en passant par sa nourrice, des amis de vacances, sa femme, ses petits enfants. Ils sont dépeints avec tendresse, sans complaisance.
Mais la lecture de ce livre vaut surtout par ces étapes du corps qui sont regardées, parfois disséquées avec distance, en vérité, parfois avec attendrissement (truculente scène de masturbation….).
Alors qu’il n’est qu’un enfant il découvre son corps, puis va apprendre à le façonner pour correspondre à ce qu’on attend de lui, plus exactement pour prendre le contre pied d’un père malade atteint par les gaz lors de la première guerre.
A l’adolescence le corps est en pleine maturité, il poursuit son exploration.
Au début de l’âge adulte la confrontation avec le sexe opposé et les délices qui en découlent.
Vient la maturité au moment où le corps le laisse encore un peu tranquille. Le travail, la famille, prennent une certaine place qui fait que le temps est happé par ces préoccupations d’un autre ordre.
Puis apparaissent les premiers désagréments, les premières visites médicales qui n’ont rien d’anodines.
J’ai dévoré ce livre. Car bien qu’il s’agisse de l’histoire du corps d’un homme, je me suis retrouvée dans bien des scènes, dépeintes avec humour et parfois une certaine ironie. Le corps ici est un compagnon. Parfois fidèle, parfois traitre.
C’est ce que j’appelle communément un livre de la vie, plein d’humanité. Cet homme est infiniment attachant car pris comme beaucoup d’entre nous par des relations, un travail, un statut social avec lequel il combine mais en parfaite conscience.
Je me suis dit que j’aimerais compter un homme comme lui dans ma famille…
Un seul regret peut être, le temps qui passe, le temps de l’histoire qui semble couler sur lui sans jamais laisser de traces ( 2ème guerre mondiale, mai 1968, 1981….).